travaux
il ne faut jamais commencer à mourir
À la précarité de la vie répond celle du cadre : L'utilisation d'une chambre impose une distance vis-à-vis du sujet, un espace intermédiaire de réflexion. C'est la recherche de cette juste distance - physique et mentale -, imposée au sujet, qui donne tout sons sens à la série. Ce qui aurait pu constituer le sujet d'une photographie - le terrain de football jonché de détritus, la sebkah ou marais salants, les rares arbres, les hommes s'affairant autour d'un thé - est relégué au second plan. Le cadrage sape la hiérarchie originelle entre sujet et contexte, et remet en question la tension entre l'essentiel et l'accessoire. Plus qu'un équilibre entre un sujet et son contexte, c'est un écosystème où tous les éléments - hommes, arbres, animaux, carcasses - réagissent à leur environnement. L'espace est habité par le vide : aussi présent et signifiant que ce qui l'entoure, il exacerbe la dimension d'expectative.
La conquête du territoire est représentée dans des perspectives apparemment contradictoires. Le vide : un cimetière de carcasses pliées. Le plein : un désert aux plis soignés laissant deviner d'opulentes villas. Et si les résidences criardes n'étaient qu'un mirage ? Et la forêt de carcasses le seul signe d'une possible stabilité ?